Si la beauté du vivant portait un nom, elle s’appellerait « Brière ». Ici, la nature façonne le geste et l’humain honore la nature. Depuis 1970, le Parc naturel régional de Brière veille à la sauvegarde de ce patrimoine ligérien singulier, à la fois écologique, culturel et artisanal. Des marais aux roselières, ce territoire préserve un héritage emblématique et profondément enraciné dans le paysage : le chaume, la tourbe, le sel et bien sûr le Morta, ce bois millénaire, cœur de notre atelier de bijoux artisanaux et muse de notre créatrice. Vous visitez la Brière ? Alors, découvrez ici les trésors incontournables à glisser dans votre valise de retour.
Artisanat de Brière : le chaume, un toit vivant du marais
À quoi reconnaît-on une chaumière briéronne ?
Matériau de couverture traditionnelle, le chaume provient des tiges de céréales, comme le seigle, délaissées par les moissons. Il trouve également son origine dans les marais : dans le roseau, le jonc ou le typha. La Brière regorge de chaume puisque sa création fait suite à de nombreux bouleversements géologiques qui ont modifié le paysage. Depuis plus de 18 000 ans, les allers-retours d’eau douce et salée ont généré la chute de deux forêts de chênes et l’apparition de roselières.
3 000 maisons briéronnes arborent des couvertures végétales, soit 60% des chaumières en France. Leur toiture mesure 35 cm d’épaisseur. Le faîtage est tapissé de gazon, d’iris ou de joubarbe pour une meilleure étanchéité.
Coupeurs et couvreurs : les artisans du chaume
En Brière, la filière chaume est une petite économie artisanale de coupeurs et de couvreurs chaumiers. Elle représente 270 000 bottes et une centaine de chantiers par an. Chaque hectare de roselière fournit entre 700 et 100 bottes de chaume.
La récolte manuelle perpétue un geste ancestral où chaque roseau est trié, peigné et lié avec soin. Le coupeur n’utilise que son chaland, une faucille et ses bras.
Où voir des chaumières en Brière ?
📌 Visitez les bourgs de Kerhinet, Kerdanaire, Breca, Kercradet ou Kerbourg. Au-delà, Saint-Lyphard, Guérande, Saint-André des Eaux, La Baule : tous ces villages arborent quelques chaumières au détour d’un chemin.
La tourbe : mémoire du pays noir et ressource briéronne
Comment la tourbe est-elle extraite en Brière ?
Depuis 1838, la commission syndicale contrôle l’extraction sur laquelle elle perçoit une taxe. Le chef de famille retire sa carte de tourbage chez les régisseurs. Un foyer nécessite 5 jours d’extraction pour obtenir suffisamment de mottes pour un hiver.
La tourbe, cette vase organique, s’extrait manuellement (à l’aide d’une bêche ronde ou d’un « coupe foin ») en période d’étiage des canaux et « curées », entre fin mai et début juillet. Les villageois creusent une fosse en escalier appelée « piège à loups » .
La tourbe : bois de chauffage
Séchée, tamisée puis transformée en briquettes, elle sert de combustible pour le chauffage, alternative au bois peu présent en Brière, donc trop cher pour les villageois. Le charbon, plus calorifique, la remplace dans les années 1950.
Aujourd’hui, l’exploitation de la tourbe est réglementée et assurée par des entreprises habilitées. Elle s’effectue sur une épaisseur de 2,5 mètres, à fleur d’eau, en été quand les marais sont au plus bas.
La tourbe sèche sur la berge pendant un an. La fabrique de terreau ne l’utilise que la troisième année.
Où voir de la tourbe en Brière ?
📌 « Partout », vous répondront les Briérons 😅. En effet, la tourbe est visible au fil de l’eau lors de promenades en chaland ou en calèche, proposées notamment par l’Arche briéronne au Port de Breca, Michel Moyon sur l’île de Fédrun ou encore Anthony Mahé à St André des Eaux
Le parc naturel vous met à disposition une carte interactive de parcours numériques pour allier curiosité, aventure et technologie.
Le morta, chêne des marais, l’or noir de Brière
Le Morta, ce chêne millénaire figé dans la tourbe
Nos fidèles lecteurs et lectrices le connaissent mieux que personne. Le morta est un bois en cours de fossilisation. Comme dit plus haut, deux chênaies se sont effondrées. Les troncs furent engloutis dans la tourbe qui leur servit de sarcophage naturel pendant près de 5 000 ans. Le marais de Brière s’est donc formé avec ces arbres en son sein, chênes que les Briérons appellent Morta.
Les alternances de tourbes noires et brunes lui donnent cette couleur si spéciale, ce noir quasi ébène aux reflets caramel. Les nuances les plus sombres proviennent de la silice, un des nombreux nutriments qui a préservé le bois dans la terre.
Aujourd’hui, ce bois fait partie intégrante du paysage patrimonial local. Seul un exploitant habilité peut l’extraire dans la marais indivi. Cette opération est régie par des règles très strictes imposées par la commission syndicale de la Grande Brière mottière, le parc naturel régional de Brière, en accord avec les services de la biodiversité. Elles supposent notamment de suivre un quota, un planning précis (40 jours par an) et une zone délimitée, d’utiliser des méthodes manuelles, de remettre en parfait état la surface ouverte et de payer une redevance.
L’ensemble de ces obligations a pour but de préserver l’écosystème, la reproduction de la faune et le respect de la flore. Cela vise aussi à valoriser le savoir-faire régional ancestral et soutenir les jeunes artisans qui souhaitent développer cette activité.
Où trouver du Morta en Brière ?
La vente comme matière première est interdite. Seuls quelques artisans d’art travaillent et transforment le Morta.
💎 L’atelier Morta Bijoux : colliers artisaux pour femme et pour homme, bracelets pour femme et pour homme, boucles d’oreilles pour femme et pour homme et accessoires.
🔪 Les Couteaux Morta
🪵 Les sculptures de Philippe Nerrière, Eden Black, l’art du Morta
🖊️ Les stylos de Jean-Michel Moyon, Au Tour du Morta
Le célèbre pipier d’Herbignac, figure locale du travail du Morta, a aujourd’hui cessé son activité.
⚠️ Attention, nous mettons nos aimables lecteurs en garde contre les nombreuses boutiques en ligne qui vendent du chêne des marais sous le nom de Morta. Le Morta ne provient que de Brière, son nom émane du patois local. La littérature le prouve depuis longtemps, notamment La Brière, d’Alphonse de Châteaubriant.
Ainsi, ailleurs que les sites nommés ci-dessus, vous achetez du chêne des marais de Pologne, de Lituanie, mais certainement pas du Morta.
Le sel de Guérande : l’or blanc des marais salants
La formation des marais salants
Les premières traces des salines de Guérande remontent à l’âge de fer. L’architecture actuelle des marais salants provient des moines de l’abbaye de Landévennec en 945. Ces derniers se basent sur le mouvement des marées, la direction du vent et les rayons du soleil.
Le sel se forme par évaporation naturelle de l’eau de mer dans les marais salants. Guidée par un réseau de bassins, l’eau s’évapore sous l’effet du soleil et du vent. Le sel se cristallise pour être récolté à la main.
La fleur de sel : délicatesse cristalline au sommet des œillets
La fleur de sel, fine et délicate structure supérieure du sel, se consomme depuis l’Antiquité. Délaissée au profit du gros sel marin, elle revient dans les assiettes des gastronomes au XXe siècle, notamment avec le foie gras, le chocolat, le caramel ou les crevettes grises.
Sa cueillette se déroule avec une lousse, à la main en fin d’après-midi selon un savoir-faire ancestral. Très fragile, elle dépend de la météo. La pluie suffit à la faire disparaître.
Où et quand trouver du sel de Guérande ?
Avez-vous déjà déambulé parmi les dédales d’étiers et d’œillets aux couleurs vives et flamboyantes des marais salants ?
📌 Les marais s’étendent sur 1 650 hectares et plusieurs communes dont Guérande, Batz sur mer et La Turballe. Mesquer, Quimiac, Saint-Molf et Assérac couvrent les marais du Mès sur 350 hectares.
Des paludiers vous accompagnent dans le respect de l’environnement. Les visites de salines ont lieu en juillet et août.
Quelques paludiers vendent leur récolte au bord des routes. Ils s’organisent en coopératives pour une commercialisation plus équitable.
La Maison Charteau à Saint-Molf vous propose des produits locaux de qualité : sel, fleur de sel, salicornes, etc. Durant la période estivale, visitez leurs salines et dégustez leur apéritif gastronomique pour une expérience unique sur la presqu’île. Réservations au 06 75 43 06 31.
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Autres produits culinaires typiques de la région guérandaise
La salicorne, cette plante de mer qui pousse dans l’argile salée appartient à la famille des betteraves. Croquante, elle se déguste crue comme condiments, en pickles ou cuisinée.
L’anguille, spécialité traditionnelle de Brière, se démarque par son goût puissant. Vous la trouvez sur toutes les bonnes tables locales.
Les sardines et anchois de la Turballe s’achètent de préférence à la criée du port de pêche.
Les caramels au beurre salé, douceurs incontournables, se dégustent toute la journée et sans faim, mais avec modération (quoique 😉).
Miel des marais (produit par des ruches en zones humides), infusions à base de sureau, pain briéron cuit au four à pain, rillettes de bar foisonnent également sur les étals des épiceries fines.
Brière insolite : anecdotes, chiffres et traditions méconnues
La Brière comprend les 21 communes suivantes :
Assérac ; Besné ; La Chapelle des Marais ; Crossac ; Donges ; La Baule-Escoublac ; Guérande ; Herbignac ; Mesquer ; Missillac ; Montoir de Bretagne ; Pontchâteau ; Pornichet ; Prinquiau ; Saint-André-des-Eaux ; Saint-Joachim ; Saint-Lyphard ; Saint-Malo-de-Guersac ; Saint-Molf ; Saint-Nazaire ; Sainte-Reine de Bretagne ; Trignac.
Cette zone géographique s’étend sur 70 km2 dont 836 ha de marais et de plans d’eau, de roselières, de prairies, de buttes et de bords des marais.
Par lettre patente du 8 août 1461, le duc François II de Bretagne a fait don des terres aux habitants propriétaires de ces villes. On parle pour cette zone de marais indivis.
Le paludier récolte le sel dans les marais au nord de la Loire. Le saunier exerce la même profession, mais au sud du fleuve.
De la matière brute aux gestes précis, l’artisanat de Brière raconte un lien profond entre l’humain et la nature. Lors de votre passage en presqu’île guérandaise, prenez le temps de visiter nos ateliers d’artisans passionnés qui façonnent le territoire. Et peut-être glisserez-vous dans vos bagages un peu de leur histoire.
Je visite la boutique d’artisanat d’art : Morta Bijoux
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